Au clair de l'obscur – Aki 6

Publié le par Perlune

Vous savez, quand vous voyez un acteur tomber dans un film, et qu’il hurle comme un possédé, vous vous dites « moi, si j’étais à sa place, j’emploierais mon énergie à autre chose, genre essayer de me rattraper par exemple ». Eh bien, vous avez tort. Le réflexe de hurler de peur et de ne pouvoir penser à rien d’autre qu’au fait qu’on va mourir est automatique, personne n’y peut rien. C’est comme ça, d’ailleurs, que j’ai su que les autres tombaient aussi. La chute avait été longue. Très longue. A force de crier, j’avais la gorge sèche, j’avais failli m’arrêter pour reprendre de la salive.

 

Nous avions heurté des rochers de plein fouet, ce qui nous avait donné de vilaines blessures, mais avait au moins eu le mérite de ralentir progressivement notre chute. Nous avions finalement trouvé le sol, ou plutôt, c’était le sol qui nous avait trouvés. Il faisait entièrement noir et, apparemment, l’armure de Katsuo n’y pouvait plus rien – elle avait dû se décharger comme une pile. De toute façon, même si nous avions pu voir des ennemis arriver, nous aurions été trop faibles pour pouvoir résister. C’est donc tout naturellement que nous avions laissé des mains nous attraper, nous attacher, nous transporter un moment et nous jeter dans une espèce de cellule.

 

J’ai longuement râlé, et tapé des poings sur le sol. De toute façon, je ne pouvais rien faire d’autre. J’avais trop mal, et puis je n’y voyais rien. Je suis restée par terre pendant un long moment, plus d’une heure certainement. Je me retournais de temps en temps, faisant hurler mes muscles de douleur. Les autres devaient faire la même chose, parce que je les entendais râler aussi à certains moments. J’entendais aussi des ronflements – sans doute ceux de Tomoko. Mes forces revinrent petit à petit, et je les employai à jurer de plus belle.

 

« Putain de Légion Noire de merde...! »

« Être vulgaire ne nous avancera à rien, Ruby-chan » répliqua la voix de Yasushi, d’autant plus énervante qu’elle semblait en pleine forme.

« C’est quoi cette idée à la con ? Je ne m’appelle pas Ruby-chan, j’ai un nom ! »

« Justement. Il vaut mieux éviter de le crier sur tous les toits. Nous ne savons rien sur ces créatures, autant leur donner le moins d’informations possible sur nous. »

« Moi, je trouve ça plutôt classe ! » approuva Katsuo entre deux gémissements.

 

Je me renfrognai. Evidemment, j’aurais dû me douter, de la part de Yasushi, qu’il ne partirait dans ce genre de délire que pour des raisons purement stratégiques.

 

« Alors, qu’est-ce qu’on fait, A-me-thy-st-kun ? »

 

Je grimaçai devant l’horrible prononciation. Cette affaire allait vite me prendre la tête. Ou alors j’arrêterais de parler à Yasushi, tant qu’à faire. Il resta silencieux pendant un moment, puis déclara finalement :

 

« Ils ne nous ont pas tués. Vue la barbarie avec laquelle ils ont massacré les autres, ça doit vouloir dire que nous avons une importance très particulière pour eux. »

« Ils veulent nous garder comme otages ? » hasarda Shunsuke.

« Je ne crois pas. On prend des otages quand on a des revendications. Or la Légion Noire n’a jamais cherché à parlementer, elle détruit tout pour le simple plaisir. »

« Ca ne tient pas, fis-je, bouillonnant intérieurement. Des barbares de ce genre ne font pas de prisonniers ! »

« Pourtant, tu as bien entendu le chamane, intervint Reiko-senpai. Il a dit que c’était nous qu’ils voulaient. »

« Le chamane ? Comment ça, le chamane ? »

« Je pense que c’était une espèce de sorcier. On n’emmène pas les vieillards à la guerre, pas vrai ? S’il était là, c’est qu’il a dû... bénir la chasse, ou quelque chose comme ça... »

« Ils nous prennent peut-être pour des gens haut placés, suggéra Katsuo. Ils croient peut-être qu’en nous torturant, ils obtiendront des informations... »

« Ou alors ils espèrent qu’on va se mettre de leur côté, compléta Shunsuke. Vous croyez qu’on est où ? Sous terre ? »

« Peu probable, objecta Yasushi. Nous devons être très profond, trop profond pour les plantes ou l’eau. Rien de devrait pouvoir y vivre. »

« Nous sommes bien tombés, pourtant ! »

 

Soudain, d’un ton alarmé, Reiko-senpai s’enquit :

 

« Quelqu’un a-t-il vu Manami-chan ? »

« J-j-j-je suis là... » répondit une toute petite voix, dans un coin de la cellule.

« Quand nous as-tu rejoints ? »

« J-j-j-j’étais avec vous t-t-t-tout le temps, mais... v-v-v-vous n’avez pas eu l’air de me v-v-v-voir... »

 

Surprise, je me repassais mentalement la scène de la bataille. A aucun moment je n’avais aperçu Manami où que ce soit. Après, je n’étais pas forcément la mieux placée pour l’avoir vue, puisque j’étais toujours en tête. Je n’avais même pas vu Tomoko avant qu’elle n’abatte un de nos ennemis.

 

Apparemment, l’heure n’était pas encore venue d’élucider la mystérieuse disparition de Manami, car nous entendîmes la porte de notre cellule s’ouvrir. Mes yeux ayant commencé à s’adapter, j’aperçus des formes se mouvoir dans l’obscurité. Rien de très net, mais assez pour pouvoir distinguer les contours des silhouettes qui entraient dans la pièce. Trois au total. De manière réflexe, je cherchais mes épées des mains, avant de réaliser qu’ils avaient sans doute dû les récupérer et les mettre soigneusement hors de ma portée.

 

« Qu’est-ce que vous nous voulez ?! » m’écriai-je, ne faisant aucun effort pour masquer mon hostilité.

 

L’un des visiteurs se racla la gorge avec d’affreux borborygmes, avant de parler d’une voix éraillée et mécanique :

 

« Vous-avez-franchi-frontières-de-notre-royaume. Vous-passez-en-jugement-pour-ça. »

« Franchis vos frontières ? Vous vous foutez de nous ! C’est vous qui nous avez attiré ici ! »

« Vous-parlez-amical-et-vous-peut-être-épargnés » répliqua la créature, laconique.

« Parce que vous croyez que vous me faites peur, sans doute ! Allez-y, venez pour voir ! »

 

L’un d’eux décida visiblement de me prendre au mot, car il s’avança, et me gratifia d’un violent coup de pied dans les côtes. Estomaquée, je grimaçai et cherchai ma respiration.

 

« Vous-levez-et-suivez-nous. »

 

Nous lever. Plus facile à dire qu’à faire. Nous eûmes besoin de leur assistance pour arriver à nous mettre sur nos pieds. Ils nous aidèrent sans trop nous malmener. Ils avaient sans doute compris qu’étant déjà complètement cassés, nous ne risquions pas de leur échapper. Reiko-senpai, que je reconnus à son armure, me donna un coup de main.

 

« Aïe ! » s’écria Katsuo en se cognant la tête contre le plafond.

 

En effet, celui-ci était très bas, nous obligeant à nous pencher vers l’avant afin de pouvoir avancer. Si les chasseurs de la Légion Noire vivaient dans ce genre d’habitat, cela expliquait pourquoi ils marchaient sans cesse voûtés. Les gardes nous firent marcher à travers tout un réseau de galeries. Certaines semblaient déboucher sur des pièces, où l’on pouvait entendre des échos d’activités humaines, mais il faisait trop noir pour en distinguer quoi que ce soit ; et les bruits, très bizarres, ne disaient pas grand-chose non plus.

 

Pendant le trajet, Shunsuke tenta d’engager la conversation, de la façon la plus affligeante qui soit, posant des questions complètement incongrues sur le ton de la plaisanterie. Notre guide ne répondait qu’une fois sur deux, par des phrases hachées, incomplètes, ou incompréhensibles.

 

« Ils sont vraiment primitifs » fit Shunsuke à notre adresse, l’air complètement dépité.

« Attention, ils pourraient t’entendre... » souffla Reiko, dubitative.

 

Nous arrivions justement en vue d’une lueur, tout au bout d’un couloir. La lumière du jour ? Plus nous approchions, et plus j’en doutais. Elle était trop faible, trop irrégulière. Lorsque nous parvînmes à sa source, mes doutes furent confirmés. Nous nous retrouvâmes dans une grande pièce, fastement éclairée par deux colonnes de torches. Bon, quand je dis grande, elle ne devait pas faire tellement plus qu’un garage, et pour l’éclairage, on ne devait pas dépasser une salle de cinéma pendant les pubs, mais après plus d’une heure dans le noir total et avec un plafond à un mètre cinquante, ça faisait de l’effet.

 

Comme le reste des galeries, la salle avait été creusée à même la roche et tout dans son architecture – ou plutôt son absence d’architecture – respirait le chaos à plein nez. Des stalactites pendaient du plafond un peu partout, certains étaient suffisamment longs pour former des sortes de piliers. Toutes les formations humaines, tables, bancs, bassins, n’étaient que des aménagements du décor naturel, comme si les créatures qui l’habitaient étaient trop fainéantes pour construire quoi que ce soit.

 

Quand nous entrâmes dans la pièce, tous les regards se tournèrent vers nous. Les créatures du monde souterrain nous fixèrent de leurs yeux blancs sans mot dire. J’eus alors l’occasion de mieux les observer. Ils avaient presque une apparence humaine, à quelques détails près. D’abord, leur peau noire, comme s’ils s’étaient baignés dans du pétrole, et leurs yeux clairs et vides, sans pupille. Ensuite, leurs oreilles étaient plus grandes et pointaient vers l’arrière, ce qui accentuait la forme allongée de leur crâne. Et puis, ils étaient plus petits que nous, mais leurs membres semblaient plus élancés. Cependant, la chose qui me frappa le plus en les regardant, c’est qu’ils étaient tous gros. Pas gros, je veux dire obèses. De vrais tas de graisses. Rien à voir avec les félins agiles et aux muscles saillant que nous avions combattu plus tôt.

 

Les gardes qui nous avaient escortés jusqu’ici se tinrent en retrait, sans doute pour garder l’entrée de la salle, tandis que celui qui nous avait adressé la parole s’avança jusqu’à un mec qui se tenait vautré dans une sorte de bain de boue, d’où s’exhalait une forte odeur indéfinissable. Celui-ci était le plus gros de tous, tellement gros qu’on distinguait difficilement la séparation entre les différentes parties de son corps. Cette vision offrait un contraste saisissant avec le guide qui, lui, était plutôt squelettique.

 

La créature chuchota quelque chose à l’oreille de son maître. Puis il se tourna vers l’assemblée et commença à parler d’une voix forte. Malheureusement, je fus incapable d’y comprendre quoi que ce soit.

 

« Ils ne sont pas primitifs, commenta Yasushi à voix basse. Ils ne parlent pas notre langue. »

« Ca veut dire qu’on peut raconter ce qu’on veut ! » jubila Shunsuke.

« Ca veut surtout dire qu’on a intérêt à ce que l’interprète soit bon », grommela Reiko en fronçant les sourcils.

 

Le grand chef se mit à parler lui aussi. Curieusement, il avait une voix puissante et perçante, qui jurait fortement avec sa constitution. Son subordonné se tourna vers nous et lança, de sa voix monocorde :

 

« Grand-roi-Gelomphnet-Aleep-ordonne-étrangers-Clairs-expliquer-leur-présence ! »

 

Katsuo s’avança aussitôt et clama :

 

« C’est à vous de nous expliquer pourquoi vous avez attaqué notre monde, et pourquoi vous nous avez attirés ici ! Nous exigeons des excuses immédiates ! »

 

L’interprète parut choqué de cette réponse, et le compte-rendu qu’il en fit à son supérieur s’en ressentit. Le roi cracha quelques mots en réponse

 

« Vermisseau-Clair-faire-silence-si-pas-vouloir-mourir-immédiatement ! » traduisit la créature rachitique.

« Ah ! Pour qui vous prenez-vous, bande de taupes dégénérées ?! »

« Euh... avança Shunsuke, on peut peut-être, euh... discuter? »

« Vous voulez tous nous faire mourir », soupira Yasushi en se prenant la tête entre les mains.

« Dites à votre roi que je ne connais pas ces mecs ! » s’écria Reiko en s’écartant.

« Putain, mais vous allez vous la fermer oui ?! » explosai-je brusquement.

 

Ma voix résonna à travers les galeries et on put entendre un écho. Tout le monde s’était figé dans la salle. Sentant la colère monter en moi, je m’avançai en direction du trône. Aussitôt, des gardes se jetèrent sur moi, essayant de me contenir. Je me débattis en criant, mais la fatigue et les blessures eurent tôt fait de calmer mes ardeurs. Alors que mes membres tremblaient de rage, je sentis mon médaillon chauffer sur ma poitrine. Trop énervée pour chercher à comprendre ce qu’il se passait, je fus autant prise de court que les créatures qui me tenaient, lorsqu’ils retirèrent précipitamment leurs mains en hurlant. Une odeur de chair calcinée monta dans la pièce. Il y eut une rumeur alarmée dans la salle.

 

« Elle brûle ceux qui la touchent ! » s’écria Shunsuke, impressionné.

 

Une fraction de seconde me suffit pour calculer les implications de cette constatation. Je vins me planter juste devant l’interprète et brandis mon index jusque sous son nez. Il recula d’une bonne douzaine de centimètres. D’autre gardes, plus hésitants cette fois-ci, tentèrent à leur tour de me saisir, mais ils retirèrent leurs mains aussi vite qu’ils les avaient posées.

 

« Maintenant, tu vas bien m’écouter. Tu vas dire à ton roi que si on est là c’est parce que vous êtes venus foutre la merde dans notre monde, d’abord. Et ensuite tu lui diras que s’il ne nous laisse pas partir très vite... je le défigure ! »

 

J’approchai ma main du visage de l’interprète comme pour lui arracher un oeil, afin de mieux illustrer mon propos. Il faillit perdre l’équilibre tant il se pencha vers l’arrière. Incertain, il se tourna vers le roi et débita un chapelet de mots en bégayant – je pouvais le dire, même en n’y comprenant rien. Le roi, pas impressionné pour deux sous, considéra ma requête en silence pendant un bon moment.

 

« Alors ?! » m’impatientai-je.

 

La créature lâcha quelques mots avec dédain. Une rumeur d’admiration se fit entendre.

 

« Grand-roi-dire-lui-pas-peur-être-défiguré. »

 

Furieuse, je m’approchai de lui avec l’air menaçant, mais il ne bougea pas d’un poil.

 

« Lui-dire-aussi-que-si-vermisseau-Clairs-êtres-civilisés-eux-pas-agresser-roi-ainsi. »

 

Je ne sais pas pourquoi je me retins. Sans doute le fait que le roi de cette bande de barbares en personne se permette de mettre en doute ma civilité. Toujours est-il que j’hésitai un instant de trop. Les soldats, ragaillardis par la confiance qu’affichait leur maître, reprirent aussitôt du poil de la bête et se jetèrent sur les autres. D’autres m’encerclèrent et tentèrent de m’éloigner en donnant des coups de griffe à hauteur de mon visage.

 

« Grand-roi-Gelomphnet-Aleep-dire-vous-mourir... par-INGESTION ! »

 

Je n’avais aucune idée de ce qu’il voulait dire par-là, mais j’étais déterminée à ne pas me laisser faire. Je tentai d’arrêter les bras des gardes, mais ceux-ci faisaient en sorte de se rétracter aussitôt pour rester hors de portée de mes mains. Derrière moi, les autres se débattaient en criant, chacun à se façon. Reiko intimait à ses agresseurs de « virer leurs sales pattes », tandis que Katsuo exigeait des excuses. Shunsuke, quant à lui, avait recours à la brillante tactique du « attention, derrière toi ! », profitant alors de la distraction de ses adversaires pour courir à travers la pièce. Seuls Tomoko et Yasushi restaient discrets.

 

Soudain, on entendit un hurlement perçant qui glaça tout le monde d’effroi – même moi, c’est dire. Je tournai aussitôt la tête. Manami était prostrée dans un coin de la salle, où elle avait été acculée par deux gardes. « Je vous en prie, ne me touchez pas...! » supplia-t-elle d’une voix sanglotante. En effet, je pus constater que son accoutrement avait changé, comme nous tous, mais c’était la première fois que j’avais le loisir de le contempler. Or la parure que le médaillon lui avait choisie était principalement faite de tissus et rubans légèrement transparents, qui ne cachaient pas grand-chose de son anatomie. Les créatures semblaient l’avoir remarqué car tous leurs yeux étaient rivés sur elle. Les deux gardes, quant à eux, hésitaient sur la conduite à tenir.

 

Je décidai de profiter de l’instant de flottement pour saisir l’un de mes attaquants hébétés. Il se recula vaguement de manière réflexe, mais l’inertie dont il fit preuve me surprit. Je lançai mon poing vers sa mâchoire, lorsque j’entendis à nouveau Manami crier :

 

« S’il-vous-plaît, arrêtez de vous battre... »

 

Une espèce de vertige me prit alors, et mon poing s’échoua comme une caresse sur la joue de mon adversaire. Comme dans un rêve, je regardai Manami s’avancer lentement vers le roi obèse, les mains jointes.

 

« S-s-s-s’il-vous-plaît, Gelomphnet-sama, s-s-s-soyez clément ! N-n-n-nous ne somme que de p-p-p-pauvres jeunes gens exilés et r-r-r-rejetés par les leurs... Nous ne vous v-v-v-voulons pas de mal... »

 

Elle appuyait ces mots avec des gestes gracieux qui mettaient en valeur ses atouts féminins. Je jure que sur le coup, je fus sincèrement émue, et que Manami-chan me parut la chose la plus pure du monde. Par la suite je me suis demandée comment elle avait réussi cet effet avec un discours aussi naze.

 

La salle entière baigne pendant un moment dans la béatitude bienheureuse. Le roi Gelomphnet, lui aussi, semblait ne pas rester indifférent devant les paroles de Manami, car il prit le temps de réfléchir, et finalement éclata d’un grand rire. De sa voix puissante, il fit une annonce dans leur langue inintelligible, qui fut aussitôt saluée d’une clameur enjouée. L’interprète tenta avec difficulté de crier plus fort que les autres pour nous annoncer la bonne nouvelle.

 

« Grand-roi-Gelomphnet-humeur-clémente-donne-étrangers-Clairs-chance... DUEL-CONTRE-CHAMPION ! »

 

Nous nous regardâmes les uns les autres. Sans qu’aucun de nous ne comprenne trop comment, il semblait que Manami-chan avait gagné un peu de répit. A ce moment-là, j’espérais juste que ce n’était pas reculer pour mieux sauter.

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