Fantastyle 9

Publié le par Perlune

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Comme prévu par Leena, le chemin est praticable et le groupe de Shaylon arrive à Syr. Cependant, les autres n'ont pas l'air de vouloir apparaître. Le groupe est partagé sur quoi faire. Et des tensions apparaissent dans le petit groupe.

L’orage décrit par l’homme avait bien provoqué des inondations, mais soit celles-ci n’avaient pas atteint la route, soit l’eau avait eu le temps de redescendre avant que le petit groupe d’aventuriers ne le traverse, comme l’avait prédit Leena. La jeune fille, satisfaite, s’était esclaffée, d’un ton triomphant :

 

« Je le savais ! On ne me la fait pas, à moi ! Tu parles d’une voyante... »

 

La terre était effectivement bien imbibée d’eau par endroits, mais cela ne posait aucun problème à leurs chevaux. En effet, Brannon, las d’être à la traîne, avait insisté pour s’acheter une monture ; malheureusement, leurs piètres économies réunies ne leur avaient pas permis de se payer plus d’un seul animal. Leena avait sauté sur l’occasion pour proposer que Shaylon monte avec elle, ce contre quoi l’intéressé n’avait pas eu le courage de se défendre. Brannon, quant à lui, s’était retrouvé piégé à son propre jeu, puisque c’était lui qui avait bassiné ses acolytes pendant des heures en expliquant à quel point le voyage lui serait plus agréable s’il avait son propre cheval. D’un regard entendu, les deux frères s’étaient tacitement gardé d’envisager l’autre possibilité, qui consistait en ce que ce soit eux qui montent ensemble. A choisir, Shaylon préférait enlacer Leena plutôt que Brannon.

 

Ainsi fut donc fait, et la jeune fille ne manqua pas de narguer l’autre cavalier à plusieurs reprises tout au long du voyage, en se lançant dans des pointes de vitesse afin de le semer, pour mieux le surprendre en revenant par l’arrière, ou encore en prenant le temps d’attacher son cheval et de s’allonger paresseusement dans l’herbe, comme pour signifier qu’ils ne cessaient de l’attendre. Brannon n’était pourtant pas un si piètre monteur, mais Leena avait de nombreux atouts à sa disposition : elle n’était pas seulement plus expérimentée que lui, elle avait aussi un meilleur cheval, qu’elle connaissait bien, et avec qui elle avait noué un fort lien de complicité depuis longtemps. Tous ces avantages réunis la rendaient invincible face à un cavalier occasionnel montant une bête bon marché qu’il venait juste d’acquérir. Brannon ronchonnait dans son coin et lançait à son frère des regards chargés de reproche à chaque fois qu’il croisait le sien.

 

Mais ce dernier était ailleurs. Il revoyait le visage dur et froid de Vala lorsqu’il avait annoncé qu’il préférerait suivre Leena. Il avait regretté ses paroles aussitôt, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Il savait qu’il aurait dû batailler pour mettre les deux parties d’accord, et que le fait de se mettre ainsi contre Vala n’était qu’un moyen de céder à la facilité, ce qui ne prouvait rien, sinon sa lâcheté. Quand il ne ressassait pas l’événement malheureux de leur séparation, il tâchait de réfléchir à leur histoire, cherchant désespérément des réponses à toutes les questions qu’ils se posaient depuis le début. Son intuition lui soufflait que, bien qu’il l’eût rabroué plus tôt, la réflexion de Brannon avait quelque chose de crucial. Si Vala avait existé dans ce monde, et qu’une autre pouvait apparaître, cela signifiait forcément qu’il y avait aussi d’autres frères O’Connor, quelque part. Personne n’avait été étonné de les revoir, ce qui suggérait qu’ils avaient du disparaître, eux aussi. Mais peut-être étaient-ils partis plus tôt ? Cela expliquerait pourquoi une disparition de plusieurs jours aurait été enregistrée, alors que les « vrais » frères n’avaient manqué qu’une nuit. Cette possibilité amenait une autre interrogation, autrement plus dérangeante : qui les remplaçait dans leur monde d’origine ? Avaient-ils définitivement disparu, ou bien s’étaient-ils vu remplacer par un autre Shaylon et un autre Brannon, tout aussi perdu qu’eux ? Avaient-ils assisté à la disparition de Vala ? D’ailleurs, y avait-il une autre Vala avec eux ? Et la connaissaient-ils, si dans leur monde d’origine elle était morte à la naissance ?

 

Toutes ces pensées se suivaient et s’enchevêtraient dans l’esprit de Shaylon, tournant en tous sens comme une folle ronde, s’appelant et se répondant, et il ne parvenait pas à y trouver de début ni de fin. Il resta donc d’humeur sombre durant tout le voyage, s’agrippant fermement à Leena qui, pour sa part, semblait s’amuser comme une petite folle. Après avoir traversé plusieurs villes et villages, ils s’arrêtèrent à la tombée de la nuit, jetant leur dévolu sur l’auberge dite « du castor jovial », où ils eurent juste de quoi se payer une chambre et un repas frugal.

 

« Il faudra songer à rentrer très vite dès que notre visite à Syr sera finie », constata Leena avec une moue.

 

Comme un vilain coup du sort, le problème de la journée se retrouva au moment du coucher : en effet, la chambre ne contenait que deux lits. Les trois jeunes gens se regardèrent et, se rappelant comment les choses s’étaient décidées plus tôt, Brannon secoua la tête, horrifié.

 

« Hé ho, vous deux, pas moyen que vous dormiez ensemble, vu ?! »

 

Leena eut un petit rire gêné et Shaylon soupira en haussant les épaules.

 

« Je dormirai par terre », décida-t-il.

 

Il n’y eut aucune objection et chacun s’empressa d’aller trouver sa couche respective. Shaylon se fabriqua un matelas de fortune avec la cape de Leena. Le temps passa et il ne parvenait pas à trouver le sommeil, trop agité par les événements de la journée. Brannon, quant à lui, s’était écrasé comme une masse et dormait profondément avec des ronflements disgracieux, ce qui n’aidait en rien son frère à trouver la sérénité. Au bout de deux heures, peut-être plus, le jeune homme entendit du bruit non loin de lui. Il se retourna : c’était Leena qui se levait. Elle s’approcha en posant un doigt sur ses lèvres pour lui imposer le silence. Puis elle s’agenouilla et dit :

 

« Pas sommeil ? »

 

« Pas vraiment, non. Et toi ? Je croyais que tu dormais... »

 

« Non, je m’inquiétais pour toi. Tu n’es pas trop mal installé ? »

 

« Ca va », mentit Shaylon en massant sa nuque endolorie.

 

« Ah, je vois... Tu veux un oreiller ? » s’enquit Leena avec un sourire malicieux.

 

Le jeune homme eut aussitôt le réflexe stupide de jeter un oeil à sa poitrine encore juvénile et peu apparente. Elle le gratifia sans attendre d’une tape sur la joue, par en-dessous, davantage pour forcer son regard à remonter que pour lui faire mal.

 

« Pas là, gros bêta ! En posant la tête sur mes jambes... »

 

Shaylon s’empressa d’acquiescer en rougissant. Il souleva la tête, faisant crier ses cervicales, afin de la laisser étendre ses jambes ; puis il la reposa, et le bois froid et dur laissa place au doux tissu, doublant la peau souple et chaude de la jeune fille.

 

« Ca va mieux ? »

 

« Oui... »

 

Elle se mit à lui caresser la joue d’une main, tandis qu’elle laissa l’autre se perdre distraitement dans sa chevelure. Elle poussa même l’audace jusqu’à se pencher pour venir déposer un baiser sur son front. Shaylon se laissa faire, à la fois par paresse, et parce que, compte tenu de son état de détresse intérieure, il ne pouvait se résoudre à refuser un peu de tendresse si délicatement prodiguée, même s’il savait qu’ainsi il lui donnait de faux espoirs. Encore une expression de sa lâcheté.

 

« Je suis désolé, Leena... », dit-il dans un souffle.

 

La jeune fille ne comprit pas bien de quoi il s’excusait, car elle répondit aussitôt :

 

« Je te pardonne. C’est vrai que cette sorcière est... envoûtante. J’ai failli la croire quand elle m’a dit qu’elle était ma soeur... »

 

Shaylon ne répondit pas.

 

« Tu penses toujours qu’elle l’est vraiment, c’est ça ? »

 

« La Vala que j’ai connue, et la Leena que j’ai connue, sont deux soeurs très unies. Mais maintenant, je ne suis plus sûr de connaître ni l’une ni l’autre. »

 

« Je me demande comment je dois le prendre... »

 

« Alors ne le prends pas du tout... »

 

Leena eut un petit rire.

 

« Tu as une façon si délicate de me dire que tu ne m’aimes plus, que je n’arrive même pas à t’en vouloir... »

 

« Justement... Le Shaylon qui a pu tomber amoureux de toi, ce n’était pas moi... »

 

« Oui, je comprends : tu n’es plus le même homme depuis que tu as rencontré cette Vala... »

 

Le jeune homme soupira et se tut, jugeant qu’il avait plus à perdre qu’à gagner à tenter de convaincre Leena que leur histoire était vraie, malgré sa singularité. Il préféra profiter des douces caresses qu’elle lui offrait, même s’il ne pouvait s’empêcher d’avoir la pensée coupable que cela lui attirerait plus d’ennuis qu’autre chose dans le futur.

 

« Tu sais, reprit finalement Leena d’une voix timide, que tu sois amoureux de cette fille, je n’y peux rien... Mais je ne veux pas que tu croies des choses fausses... »

 

« Quel genre de choses ? »

 

« Quand elle dit qu’elle est ma soeur... Je sais qu’elle ment, et tu veux savoir comment ? »

 

« Dis toujours... »

 

« Elle a une maladie... Oh, pas une maladie ordinaire, qu’on attrape et dont on finit par guérir ; c’est une maladie hé-ré-di-taire. »

 

Leena avait prononcé ce dernier mot comme si elle peinait à s’en rappeler.

 

« Une maladie quoi ? »

 

« Une maladie qu’on a depuis la naissance, quoi... et qui ne nous quitte jamais. »

 

« Je n’ai jamais vu Vala malade... »

 

« C’est une maladie respiratoire. Elle le cache bien, sans doute parce qu’elle ne veut pas qu’on le sache, mais d’un autre côté, on l’a jamais vu courir un cent mètres, pas vrai ? Et puis sa magie de guérison, là, ça doit l’aider... d’ailleurs c’est sûrement pour ça qu’elle l’a apprise... »

 

Shaylon prit un moment pour considérer les paroles de Leena. A première vue, tout cela lui semblait très fantaisiste, mais à la lumière de cette histoire de maladie respiratoire, beaucoup de choses s’expliquaient : par exemple, pourquoi Vala ne faisait jamais d’équitation malgré sa position privilégiée, ou encore pourquoi elle perdait tous ses moyens lorsque la peur la gagnait. Le jeune homme se mordit les lèvres en songeant que, si c’était vrai, elle avait dû souffrir le martyre à porter Dunmore pendant toutes ces heures de marche, et devait leur en vouloir mortellement à tous. Il se dit que si c’était à refaire, il proposerait de l’aider à sa place, malgré toute l’aversion qu’il lui inspirait.

 

« Comment tu sais tout ça ? » demanda-t-il d’une voix blanche.

 

« Dans la file de l’Oracle, j’ai discuté brièvement avec un couple... L’homme m’a expliqué que son père avait cette maladie, et qu’il voulait savoir si elle allait se transmettre à son enfant, ou pas... »

 

« C’était son père qui l’avait, non ? Pourquoi s’inquiéter si lui ne l’a pas ? »

 

« Il paraît que ce genre de maladie saute une génération... Donc, c’est normal que l’homme ne l’ait pas. Il m’a dit qu’il était médecin, il avait l’air très sérieux... Il m’a expliqué aussi plein d’autres choses que je n’ai pas bien comprises... Bref, tout ça pour dire que c’est la preuve, puisque personne dans ma famille n’a cette maladie, ni d’un côté, ni de l’autre ! »

 

Shaylon n’y comprenait plus rien. Vala était pourtant bien la fille aînée du couple Aldwell, là d’où il venait. Se pouvait-il que les gens soient victimes de maladies héréditaires dans un monde et pas dans l’autre, comme on pouvait être vivant ou mort ? Ou alors, la mère de Vala l’avait-elle conçue avec un autre homme ? Ce nouvel élément amenait encore tout un faisceau de possibilités qui ne faisaient que complexifier les problèmes qu’ils avaient déjà. Et quoi qu’il en soit, le jeune homme concevait de l’amertume vis-à-vis de Vala, qui ne lui avait jamais rien dit concernant cette maladie. De plus, elle devait certainement savoir, elle-même, d’où cela lui venait.

 

« Tu es convaincu, maintenant ? » demanda Leena avec une pointe de satisfaction dans la voix.

 

Shaylon secoua légèrement la tête.

 

« Je suis surtout convaincu que j’ai eu tort de croire que je connaissais cette fille. »

 

« Tu vois, elle te joue des tours. On ne peut pas avoir confiance en elle. Alors que moi, je serai toujours sincère avec toi... »

 

Le jeune homme voyait clair dans son jeu, mais il se sentait tellement perdu qu’il ne trouva pas de réaction appropriée. Après un long silence, il dit finalement :

 

« Merci, Leena. »

 

« Merci pour quoi ? » répondit-elle avec un grand sourire.

 

« Pour tout. »

 

La jeune fille acquiesça en silence, et vint déposer un baiser – sur ses lèvres, cette fois-ci. Shaylon tourna la tête et se laissa pénétrer par les caresses dans ses cheveux et le long de sa nuque. La dernière pensée qu’il eut fut qu’il devrait bientôt songer à renvoyer Leena dans son lit, afin que son frère ne les retrouve pas ensemble au lever du jour.

 

Il fut réveillé par les jambes de la jeune fille qui se dérobaient sous sa tête. C’était le petit matin et les oiseaux avaient déjà entamé un concert. Il se redressa subitement et posa les yeux sur le lit de Brannon, qu’il trouva vide. Il se couvrit aussitôt le visage de ses mains. Leena lui adressa une moue désolée.

 

Le petit groupe repartit après avoir avalé un petit déjeuner, tout aussi frugal que le dîner de la veille, dans un silence malsain. La faim, la fatigue, la frustration accumulée, et le manque d’argent qui allait bientôt leur poser problème, contribuaient à la mauvaise humeur générale alors qu’ils approchaient des faubourgs de Syr. La ville était bâtie sur une colline, et était bordée de vastes arpents où l’on devait cultiver de nombreuses céréales. Avisant la route principale, très encombrée par les visiteurs qui, venant pour la même raison qu’eux certainement, avaient décidé de se lever tôt, Leena proposa de contourner par les vignes qui s’étendaient à l’ouest de la ville, chose qui fut acceptée par défaut, aucun des deux frères n’étant disposé à discuter.

 

« On va voir l’Oracle le plus vite possible, et on repart ensuite, ça vous va ? »

 

Brannon haussa les épaules.

 

« Ne répondez pas tous en même temps, surtout... » soupira Leena, exaspérée.

 

« Et depuis quand c’est toi qui décides, ici ? » répliqua le jeune homme.

 

« Je ne décide de rien, je propose, c’est tout ! »

 

« Ouais, et c’est pas ton petit chien, là, qui va te contredire. »

 

« Tu es libre de proposer autre chose, si tu as une meilleure idée », lâcha Shaylon sans broncher.

 

« Ouais, j’ai une meilleure idée ! On va retrouver Vala et on la traîne jusqu’ici, de force s’il le faut, parce que sans elle, ça sert à rien ce qu’on va faire, là ! »

 

« Je croyais que tu étais d’accord pour qu’on se sépare, il faut savoir... »

 

« J’étais d’accord pour suivre Leena, parce que je l’aime, figure-toi ! Pas comme toi qui joues avec ses sentiments, tout ça parce que ta dulcinée te fait la tête ! »

 

« Je ne joue avec rien du tout ! Si tu fais allusion à cette nuit, il ne s’est rien passé du tout ; je me sentais mal, simplement, et elle est venue me voir... »

 

« Ouais ! Et si elle t’avait proposé une pipe, t’aurais pas refusé, c’est ça ? »

 

Les joues de Shaylon s’empourprèrent. Ses mains se crispèrent autour de la ceinture de Leena, et tout à coup celle-ci arrêta son cheval, le faisant tourner sur place.

 

« Brannon O’Connor ! s’écria-t-elle, furieuse. Tu dépasses les bornes, là ! Tu es en train d’insinuer que je suis quoi, au juste ? »

 

« Tu es une séductrice ! répliqua Brannon sur le même ton. Un démon qui suce le sang des hommes jusqu’à ce qu’ils se retrouvent à genoux à ses pieds, impuissants ! Et maintenant je comprends mieux pourquoi tu voulais tant de moi, au solstice... pour passer ta frustration de ne pas être avec Shaylon ! »

 

« C’est faux ! Je ne vois pas de quoi tu parles ! »

 

« Bien sûr ! Les baisers, et tout le reste... envolés ! C’est tout toi ça : tu te rappelles que ce qui t’arrange ! »

 

« Écoute, Brannon... », commença son frère.

 

« Non ! C’est toi qui vas m’écouter ! Je croyais qu’on était venus pour comprendre ce qui nous était arrivé et rentrer chez nous ! En fait je vois bien que tu es mieux dans ce monde-ci, où tu peux lâcher Vala dans la nature sitôt qu’elle ne t’intéresse plus, pour te taper sa soeur à la place, comme tu en as toujours rêvé... »

 

Le jeune homme n’eut pas le loisir d’en dire plus, car tandis qu’il parlait, Leena avait discrètement tiré une flèche de son carquois, et elle l’abattit soudain dans le flanc de sa monture, qui poussa un hennissement aigu et partit au triple galop, désarçonnant son cavalier sans autre forme de procès. Surpris, celui-ci tomba à la renverse et heurta violemment le sol.

 

« La prochaine fois que je t’entends dire des choses pareilles, cette flèche est pour toi ! » gronda la jeune fille entre ses dents, son regard lançant des éclairs.

 

Puis, sans dire un mot de plus, elle remit son cheval en marche et s’éloigna dignement. Shaylon descendit alors de la monture pour aller retrouver son frère et l’aider à se relever.

 

« Ca va ? » demanda-t-il.

 

« Laisse-moi ! »

 

« Écoute, Brannon, cette fille n’est pas la Leena qu’on connaît, toi et moi. D’accord, je me suis laissé aller cette nuit, et je le regrette : mais ce n’est pas la fille que tu aimes, d’accord ? La Leena que tu aimes ne t’aurait jamais fait ça, pas vrai ? »

 

Le jeune homme acquiesça, se tenant l’épaule, qui semblait lui faire atrocement mal. Son aîné le soutint et l’aida à marcher. Leena avait pris de l’avance et ne semblait pas décidée à les attendre. Ils continuèrent donc à leur rythme pendant un bon quart d’heure. Puis, au détour d’une allée dans les vignes, ils aperçurent le cheval de la jeune fille, à l’arrêt, attaché à un poteau et broutant paisiblement. Intrigué, et ne pouvant distinguer grand-chose à cause du soleil de midi qui brillait dans ses yeux, Shaylon s’approcha, lâchant momentanément Brannon qui en profita pour se reposer.

 

« Leena ? » appela-t-il, inquiet.

 

« Shaylon ? » répondit la voix de la jeune fille, tremblante.

 

Le garçon se dirigea dans sa direction et, tout à coup, il fut transporté bien loin des querelles sentimentales. Non loin sur sa gauche, un corps mutilé était étendu. Mais c’était à sa droite que Leena se trouvait, en train de réanimer un jeune homme. Shaylon s’approcha et ne put réprimer un cri.

 

« Bon dieu ! Dunmore Mills ?! »

 

 

 

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